lundi 3 septembre 2007

Est-ce grave?

Est-ce grave?
Hier, dans le tram, j'ai vu une petite scène qui m'a rappelé une question qui me revient de temps en temps :
Un homme, de type indien, à moitié rongé par l'alcool et le tabac, comptant les sous qui lui restaient (des pièces jaunes et rouges), qui regardait sans cesse la demi cigarette qui trainait au fond de sa poche, et s'endormais, assis sur une banquette, les pieds posés sur la banquette d'en face. Cette homme fait partie des gens que je met dans la catégorie des "fous". Ces gens (nombreux dans le tram), ont l'habitude de dire ce qu'ils pensent sans être freinés par la morale, les habitudes, ou les conséquences de leurs paroles, et d'avoir des avis très forts et complètement arrêtés, ce qui est très pratique pour savoir ce qu'il peut se passer dans la tête de certaines personnes. Sur ce, arrive une femme, d'une soixantaine d'année, d'un genre plutôt riche, sans être vraiment de la catégorie bourgeoise, mais très intéressant, appartenant quand même à la catégorie des "fous" selon la définition d'au dessus. Elle se dirige vers l'homme, et pousse légèrement ses jambes, comme si elle voulait s'assoir en face de lui, sur la banquette sur laquelle il pose ses pieds. L'homme se réveille vaguement, enlève ses pieds en marmonant un "excusez moi" et commence à se rendormir. Mais la femme commence naïvement à lui faire la morale en lui expliquant qu'il ne faut pas mettre ses pieds sur le fauteuil d'en face. L'homme, tout aussi naïf, réponds "c'est pas grave, ça, Madame". Et la la femme réponds "Si c'est grave". Et elle commence à lui expliquer que plusieurs fois elle s'est relevée avec sa jupe sale à cause de gens comme lui. L'homme, toujours à la recherche du sommeil, lui réponds "Non, c'est pas grave, rien n'est grave dans la vie". Puis il semble chercher une autre position pour dormir et continue "Mourir c'est grave, c'est tout". La dame finit par s'en aller en s'amusant de la réplique de l'homme.
On arrive maintenant dans le vif du sujet : qu'est ce qui est grave?
On peut facilement prendre parti pour une de ces deux personnes. L'une pensant qu'avoir une robe sale est grave, l'autre pensant que seule la mort est grave. Mais ces deux personnes ont un grave problème : elles n'arrivent pas à se rendre compte que certaines choses sont plus importantes et plus graves que d'autre. Elles ne peuvent pas non plus comprendre que selon les vécu des gens, certaines choses soient plus graves pour certaines personnes que pour d'autre (voir article sur la compréhension d'autrui). Comment un homme qui a vécu 30 ans dans la rue peut comprendre qu'on trouve grave d'avoir un habit légèrement sale?
Je me souvient une fois en classe de première, une fille pleurait en contemplant une copie de français ou elle avait eu 9. C'était la première fois de l'année qu'elle n'avait pas la moyenne. Et elle n'arrivait pas à s'arrêter de pleurer. J'avais envie de lui dire que moi j'avais pas eu une seule note supérieure à 6 et que son 9 je le voulais bien. Et surtout je voulais lui dire que les résultats scolaires ne devaient pas faire pleurer. Puis je me suis rendu compte de sa chance : Si elle ne connaissait rien de plus grave dans sa vie qu'un 9 en français, elle avait beaucoup de chance...
En fait, ce qui est important c'est de relativiser : Il ne faut pas attendre de mourir pour verser ses larmes. Ce qui est grave, c'est de ne pas arriver à faire ce que l'on veut de sa vie, malgré notre volonté d'y arriver, ou de voir des choses irréversibles se produire. Mais il ne faut jamais penser qu'un détail ou que quelque chose que l'on peut changer est grave.

La vie est assez grave comme cela, il faut l'accepter, chercher à l'améliorer, mais ne pas tomber dans la lamentation perpétuelle.

9 commentaires:

le correcteur de l'orthographe a dit…

j'approuve l'article, et j'ai envie de soulever une question: quelquefois, les choses irréversibles se produisent. Comme "ne pas arriver à faire ce qu'on veut de sa vie, malgré notre volonté d'y arriver". Comme tu le dis, là, on peut dire que c'est grave.

Alors que faire? parce qu'on ne peut pas s'arrêter à ce moment de sa vie, parce que même ralentir pour se lamenter et pleurer outre mesure est une perte de temps, je crois que l'idéal serait de garder une détermination et un idéal intact, malgré cela. Nous pouvons tous imaginer des circonstances dans lesquelles notre vie nous semble impossible. Alors faut-il trouver un moyen, un idéal si fort, qu'on ne puisse être fauché en pleine course?

Et comment le trouver?

le correcteur de l'orthographe a dit…

en fait, ta dernière phrase est déjà une réponse à cette question, réponse que j'approuve d'ailleurs: "il faut l'accepter, chercher à l'améliorer, mais ne pas tomber dans la lamentation perpétuelle."

il n'empêche que j'aimerais ton avis sur ce point précis.

Nad a dit…

je pense qu'il y a beaucoup plus grave que ne pas "arriver à faire ce qu'on veut de sa vie"... Tout d'abord parce que on a tous des contraintes (ou on s'en met)ce qui empeche de faire ce qu'on veut de sa vie

Ensuite, tu dis que ca c'est grave maintenant, mais dans d'autres circonstances, ca n'aurait aucune importance.

Ce qui est grave c'est la mort de quelqu'un, qu'il l'ai choisi ou non
Je pense quand meme qu'une mort naturelle (de vieillesse), n'est pas en soi grave. C'est important mais c'est naturel.

Nad a dit…

Et la vie n'est pas grave!!!

enfin ca dépend du sens de grave aussi...

Nil a dit…

en fait, quand je disais ça, je pensai à des choses vraiment importantes. Pas à la mort de quelqu'un, car c'est grave, mais on y peut rien.

Je pensai à ces fois où l'on a investi toute son monde intérieur dans un projet, une relation... on y mets des attentes, des rêves, des projets, bref, on se construit autour de ça, et, cela peut disparaitre.

Alors, peut être que l'erreur c'est d'avoir construit autour de ça, justement, de s'être trop focalisé?

Je pense à des choses qui tiennent vraiment à coeur de réaliser dans sa vie. Comme fonder un foyer, une famille, ou simplement être avec quelqu'un et l'aimer, réaliser quelque chose d'utile, un projet idéaliste...

Nil a dit…

(je suis aussi le correcteur de l'orthographe, quand il faut... donc les messages ci dessus sont de moi aussi... juste que je me suis planté de loggin.)

dworkin a dit…

Il y a effectivemetn des choses graves. Il ne faut pas se leurrer, on sera toujours triste quand quelque chose que l'on considere comme important se passe mal. (Un grand projet comme un film ou un voyage, une relation...)
Et si l'on arrivait à s'empecher de pleurer, d'ignorer que certaines chsoes sont importantes donc grave... est ce que ca vaudrait le coup. Une chose importante peut etre grave si elle se passe mal, mais pleinbe de satisfaction et de bonheur si elle se passe bien.

Se focaliser sur quelque chose n'est pas une mauvaise chose. Dans la vie, il faut savoir rever des chsoe enorme et se focaliser dessus.

On n'arrivera pas à toruver un vrazi bonheur dans les choses futiles.

(ou tout du moins j'en ai l'impression... Les gens qui apssent leur vie entre le Bar et TF1 sont ils des gens vraiment heureux?)

Anonyme a dit…

Comment peut t'on définir la gravité d'une chose? Qu'est ce qui est grave et qu'est ce qui ne l'est pas?
Pour moi, Me faire exclure est grave. pour d'autre, ça n'as aucune form d'importance.

Soigner ses enfants me parait élémentaire. Pourtant, je connais des parents qui n'en ont rien a foutre que leur fille fassent des crises d'asthmes.

Le fait de relativiser tout peut rendre inhumain malheureusement.
OU simplement cruel...

Unknown a dit…

Ce qui est grave c'est ce qui est dangereux, ce qui oblitére l'avenir, pour le reste on peut toujours s'en remettre.

Le définitif est grave